• Yerba mate, boisson des peuples premiers

    Cette consommation ne date pas d’hier. Bien avant l’arrivée des colons en Amérique du Sud, les peuples premiers, les Guaranis en particulier, préparaient cette boisson.

    Lorsque les espagnols arrivent, dans les années 1500, les conquistadors découvrent que les peuples locaux dégustent ce breuvage qui leur donne de la vigueur. Et bien évidemment, ça semble tout de suite suspect aux Jésuites qui sont sur place et qui vont essayer de faire interdire cette boisson.

    Voilà, la grande époque coloniale, on arrive, on ne comprend absolument rien aux coutumes locales, mais bon, on sait mieux qu’eux, on va agir, pour leur bien, c’est évident. Excusez le sarcasme, c’est juste qu’il y a eu un tel pillage et destruction à cause du colonialisme…

    L’église va donc essayer d’interdire le yerba mate, est-ce qu’ils vont réussir d’après vous ? Imaginez un envahisseur qui débarque chez nous et qui essaie de priver les gens de café. Est-ce qu’on va pas un peu en consommer en cachette pour démarrer la journée? La réponse est évidente. Bien sûr cette interdiction ne tiendra pas.

    Et ce qui est ironique, c’est que les colons vont se mettre à consommer du maté eux aussi et en faire un commerce. On l’appellera d’ailleurs l’or vert. En Europe, on lui donnera le nom de thé des Jésuites vu que ce sont eux qui vont organiser les importations. Tout ça pour dire que la consommation de maté est très ancrée dans la culture de ces pays et que ça remonte à très loin.

    l’Argentine, le plus gros producteur

    Aujourd’hui, l’Argentine est le plus gros producteur avec plus de 60% du marché, suivi du Brésil avec 30% du marché, et du Paraguay. En argentine, en 2019, on a produit plus de 800 000 tonnes de yerba mate. Les producteurs sont organisés en coopérative, on compte une cinquantaine de coopérative en Argentine. Presque 90% de la production est consommée localement, le reste est exporté.

    Il existe de grandes exploitations, il existe aussi de petites exploitations dans lesquelles on travaille toujours à la main. La récolte est un dur labeur, les ouvriers sont souvent mal payés, mais c’est une grande source d’emploi localement dans ces pays-là. Comme pour tout, il y a aussi des exploitations qui prennent soin de leurs employés. On tourne en moyenne autour des 30 € par jour pour 9 heures de travail quasiment non-stop. C’est l’une des cultures qui a le plus d’impact d’un point de vue socio-économique dans les pays où il est cultivé.

    D’ailleurs, je vous mettrai un lien vers un très joli reportage qui a été fait par ARTE justement sur la production de maté, là la fin de cet article.

    Dans ces pays vous avez d’immenses plantations qui sont entretenues principalement à la main en ce qui concerne la taille des arbres et la récolte. Les différentes étapes aujourd’hui sont très similaires à celles utilisées par les indiens Guaranis il y a plusieurs siècles. Les arbres sont taillés pour ne pas qu’ils deviennent trop hauts, en général on les garde à 2 ou 3 m de hauteur pour qu'ils soient accessibles. Pour la récolte des feuilles, on va couper des branches entières et travailler dessus immédiatement, on ne veut surtout pas qu’il y ait un processus de fermentation car ceci va donner un mauvais goût au yerba mate.

    Le yerba maté, l'arbre

     

    Une fois les branches ramenées au centre de transformation, la méthode traditionnelle consiste à exposer les branches et les feuilles à une flamme. On va faire un grand feu, mettre les branches dans une cage qui tourne, et on va les mettre directement à la flamme et les faire tourner. Ce qui va projeter des petites étincelles un peu partout car les feuilles ont des petites poches remplies de liquide qui vont éclater, ça crépite.

    Ce processus va détruire une partie des antioxydants, et certains chercheurs aujourd’hui nous disent que pour un maté optimisé en antioxydant il faudrait éviter cette étape.

    Mais restons avec la tradition pour le moment. On expose les feuilles à la flamme directe ce qui va leur faire perdre la moitié de leur eau. On appelle ce processus « el sapecado ». Ensuite on va les faire sécher pendant plusieurs jours. Pour 3 kg de feuilles fraiches, on obtient environ 1 kg de feuilles sèches.

    On va ensuite les broyer pour obtenir une poudre relativement grossière, parfois avec des brindilles, c’est normal, bien qu’un maté qui contient beaucoup de brindilles est considéré de qualité plus basse que celui qui en a moins. Ensuite, on va stocker le maté pendant une période qui varie entre 9 et 12 mois pour qu’il se bonifie et développe son parfum. Des gens d’expérience vont venir ouvrir les sacs régulièrement et vérifier le parfum, puis mélanger différents lots pour que le produit final soit le plus constant possible d’un point de vue goût.

    Consommation traditionnelle de yerba mate

    Pour consommer le maté de la manière traditionnelle, il faut un petit récipient qu’on appelle une calebasse. Et on va utiliser une paille métallique avec un filtre qui s’appelle « bombilla ».

    On va remplir la calebasse au ¾ avec du yerba maté sec et coupé en petit morceaux. On secoue pour que la poudre ne se retrouve pas toute au fond et ne bouche pas les petits trous de la bombilla, et on penche la calebasse pour que la plante fasse une petite pente dans le verre.

    On verse un peu d’eau tiède ou froide dans le creux qu’on vient de créer, et on insère la bombilla en position inclinée, on attend un petit moment. Ensuite, on va verser de l’eau à 80°C dans la calebasse, et on va laisser infuser.

    On boit, puis on rajoute de l’eau, encore, et encore, jusqu’à ce que la plante soit épuisée et n’ait plus de goût. A la première infusion, c’est fort et amer. On peut infuser une vingtaine de fois pour vraiment profiter au maximum de la plante, au fil de la matinée par exemple. Et plus on infuse, plus le maté perd de son amertume et de sa force, au final il reste quelque chose de plus doux, un goût qui ressemble un peu à un thé vert japonais. C'est quelque chose qui me plait beaucoup.

    Traditionnellement parfois on partage le même maté avec un ami, il peut y avoir une dimension sociale. Bien sûr on pourrait faire une infusion de mate, tout simplement, dans une théière, comme on prépare le thé vert, avec de l’eau à 80°C. Mais je trouve intéressant de comprendre l’utilisation ancestrale, et d’avoir un marc qu’on peut raviver encore et encore jusqu’à épuisement.

    Caféine

    En ce qui concerne la caféine, apparemment si on épuise vraiment tout le contenu de la bombilla, avec 10 à 20 passes, on peut ingérer jusqu’à 200 mg de caféine.

    Et c’est dans les 10 premières passes qu’on va obtenir le plus gros de la caféine, disons 60 à 80% dans les 8 à 10 premières passes. Ensuite la caféine va aller en diminuant. Si on regarde un expresso, on tourne entre 60 et 150 mg de caféine en fonction de la taille, du type de café utilisé, etc. Et là, vu le volume d’eau qu’on va boire au travers des 20 passes, je trouve que ça ne fait pas une quantité énorme de caféine.

    Si j’avais à situer le maté, je dirais qu’il se trouve entre le thé vert et le café d’un point de vue caféine. En revanche, du moins en ce qui me concerne, il m’affecte beaucoup moins que le café. Je suis très sensible à la caféine du café, et je tolère plutôt bien le maté, donc là encore il y a le totum de la plante, il y a son profil bien spécifique : ce n’est pas du café, on ne doit donc pas attendre qu’il se comporte exactement comme le café.

    Stimulation physique et mentale

    Voilà pour la préparation traditionnelle. On peut aussi préparer le maté comme une infusion ou un thé, on met la bonne quantité dans la tasse, disons 3 à 5 g par tasse à ajuster en fonction de la force désirée. Certains recommandent d'imbiber d'abord le maté d’un peu d’eau froide pour préserver le goût, laisser reposer quelques minutes, puis verser l’eau à 80° par-dessus.

    On trouve aussi des infusettes de maté pour l’aspect pratique. Et puis on boit aussi une version froide dans les régions où il fait très chaud, en Argentine par exemple, que l’on prépare avec de l’eau glacée. Donc plusieurs manières de préparer le maté depuis la plus simple comme l’infusette, mais la manière qui reste la plus appréciée, c’est celle qui utilise la calebasse et la bombilla.

    L’utilisation traditionnelle du maté, c’est bien sûr pour la stimulation à la fois physique et mentale. Cet effet-là est fourni principalement par sa teneur en caféine. C'est la boisson du réveil, c’est la boisson du matin avant de partir au travail, c’est la boisson qu’on va préparer lorsqu’on a un coup de barre.

    Elle redonne tonus physique et mental, permet une augmentation des capacités cognitives, temporaire bien sûr, mais notable. J’ai déjà vu qu’on en parlait pour un début de mal de tête, ce qui semble logique, les migraineux savent que parfois, un bon expresso bien serré et la migraine s’en va…

    Parfois on rajoute des plantes aromatiques pour donner un goût plus agréable au maté, de la menthe par exemple, ou des écorces d’orange amère, ou de la verveine citronnelle. Parfois on rajoute d’autres plantes médicinales. En Uruguay on estime que 50% des ventes de maté partent justement dans l’élaboration de mélanges. Un des mélanges classiques, c’est d’associer le yerba mate avec des plantes qui sont antiparasitaires intestinales, parce que les infections parasitaires sont très communes dans ces régions.

    Marques de yerba mate Argentin


    Yerba mate riche en antioxydants

    En ce qui concerne les propriétés médicinales, on va retrouver le yerba maté dans la plupart des pharmacopées d’Amérique du sud, en particulier Argentine et Brésil. On a déjà parlé des propriétés stimulantes à la fois physiques et mentales.

    Au passage, c’est quelque chose que j’avais déjà exposé dans mon podcast sur le café, il ne faut pas que le maté devienne une béquille, quelque chose qui cache une fatigue chronique, parce que là on n’est plus du tout dans le constructif, on est dans l’addiction. Voir le podcast sur le café, je ne vais pas répéter tout ceci.

    Ce qui rend le maté remarquable, c’est sa teneur en antioxydants.
    Il est très riche en polyphénols, certains chercheurs expliquent que le profil antioxydant du yerba mate est supérieur à celui du thé vert (Lunceford, 2005), qui est déjà un antioxydant remarquable. Ceci a été démontré dans une étude sur humain sur des prédiabétiques et des diabétiques.

    Vous savez peut-être que les excès de glycémie et d’insulinémie sanguine entrainent un fort stress oxydatif et un terrain très inflammatoire. Cette étude montre qu’avec une consommation d’un litre d’infusion de maté par jour, on note une augmentation significative des réserves en antioxydants et une diminution des marqueurs de stress oxydatif (Boaventura, 2013).

    Ce qui ne veut pas dire qu’on peut se gaver de sucre et boire du maté, ça veut seulement dire que si on veut prendre soin de sa longévité, on diminue la charge glycémique des repas, et on profite des antioxydants qui sont fournis par les végétaux. Il faut faire les deux.


    Bloquer le phénomène d’oxydation du LDL

    Certaines études démontrent que le maté peut bloquer le phénomène d’oxydation du LDL.

    Le LDL est un transporteur, c’est une molécule qui transporte le cholestérol et les triglycérides dans le sang. Si ce transporteur est endommagé par les radicaux libres, il peut contribuer à la formation de la plaque artérielle. C’est plus compliqué que ça en pratique, mais l’oxydation du LDL va contribuer au phénomène d’athérosclérose.

    Le maté, comme bien d’autres boissons antioxydantes, peut bloquer ce phénomène d’oxydation du LDL (Gugliucci, 1995), donc constitue un facteur de protection cardiovasculaire, à condition que la caféine soit bien tolérée, on en reparlera dans quelques minutes.

    On voit aussi un effet protecteur contre les radiations UVs (Barg, 2014). Les UVs peuvent endommager l’ADN de nos cellules en fonction de la durée et de l’intensité d’exposition. Le maté peut bloquer en partie ce phénomène destructeur.

    Je vais m’arrêter là pour la partie antioxydante, il y a d’autres études qui démontrent cet effet d’une manière très consistante. En revanche, un point important à noter, c’est la variation de la quantité en antioxydant en fonction de la transformation et du stockage. La durée de stockage a un impact. Au plus on stocke longtemps, au plus on perd les antioxydants. En plus, le passage à la flamme, qui est la torréfaction traditionnelle, « el sapecado », va détruire une partie des antioxydants.

    Donc idéalement, il faudrait éviter la flamme, faire un séchage court, et un stockage court aussi. Je pense qu’on y perd un peu d’un point de vue goût, mais on optimise la teneur en polyphénols. Les formes non torréfiées sont disponibles dans le commerce, vous en trouverez dans votre boutique de produits naturel, c’est ce qu’on appelle le « mate vert ». C’est la forme que je suis en train de boire et tant qu’à faire je préfère perdre un petit peu ce goût torréfié et caramélisé, mais optimiser le pouvoir antioxydant de mon infusion.


    Le yerba mate est anti-inflammatoire 

    Autre propriété, le maté exerce un effet antiinflammatoire.

    Ceci a pu être validé de nombreuses fois sur animal (Gan, 2018), avec différents modèles, pleurésie chez la souris, inflammation des poumons provoquée par le tabagisme chez la souris, inflammation de l’obésité chez le rat, inflammation du colon chez le rat, etc.

    On voit une réduction de la production de certaines cytokines et autres substances pro-inflammatoires. Le problème c’est qu’on n’est pas arrivé à reproduire ceci chez l’humain, peut-être parce que la dose de maté n’était pas adéquate, dans une étude on parle de 3 g de maté dans 200 ml d’eau, ce qui, au final, n’est pas beaucoup comparé à la consommation traditionnelle de maté. Il est fort possible que l’effet antiinflammatoire s’exprime à partir de quantités supérieures. Pour information, dans ma calebasse, j’ai mis 20 g de maté… donc on est loin des 3 g.

    Calebasse et bombilla pour maté


    Diminution des triglycérides et du cholestérol LDL

    Le maté fait baisser la lipidémie sanguine.

    On voit une diminution des triglycérides et du cholestérol LDL chez la souris à qui on donne une alimentation très riche en graisses, diminution de 30% et 26% respectivement, ce qui est énorme, mais on a probablement donné à ces animaux de fortes doses (Balzan, 2013). Ceci a été confirmé sur d’autres animaux, et aussi sur humains.

    Dans une étude (de Morais, 2009), on a donné dans les 300 ml d’infusion de yerba maté 2 fois par jour, donc ça fait 3 grosses tasses à thé, pendant 40 jours. Ceci a été testé sur plus de 100 individus avec un mix de personnes qui avaient une lipidémie normale, et certains avaient une lipidémie considérée comme trop élevée, certains étaient sous statines pour faire baisser leur cholestérol : on voit une baisse dans tous les groupes.

    On voit aussi la diminution d’un marqueur qui s’appelle apoB, et ça c’est intéressant. Ce marqueur-là, apoB, pour apolipoprotéine B, a été réduit de 6%. C'est un paramètre qui nous aide à déterminer la présence de LDL athérogène. Aujourd’hui, si on regarde les études, on s’aperçoit que le LDL seul est une mesure très grossière du risque d’athérome. Car il y a de grosses particules de LDL qui ne semblent pas problématiques, et des petites particules très compactes qui sont plus aptes à aller se coincer dans la paroi artérielle lorsqu’il y a des micro-brèches.

    Le marqueur apoB peut aider à déterminer quel type de LDL est majoritaire. Je referme très vite cette parenthèse, et si j’ai créé de la confusion, désolé, je sais que tout ceci est un peu technique, mais je voulais dire que le maté semble non seulement faire baisser le cholestérol LDL total, mais semble aussi avoir une influence sur le LDL athérogène. Dans la même étude, on constate une augmentation du cholestérol HDL d’un peu plus de 4%.

    On voit aussi que chez ceux qui prennent des statines, il y a une baisse additionnelle de 10 à 13% du LDL. Et là attention, je ne suis pas en train de vous dire de prendre du maté si vous êtes sous médicamentation ou si vous avez des problèmes cardiaques. Je suis juste là pour partager une information importante et les résultats de mes recherches. Je ne suis ni médecin ni pharmacien, consultez votre cardiologue pour toute question en lien avec une problématique cardiaque.


    Du maté contre l'obésité ?

    On a beaucoup parlé du maté pour perdre du poids et combattre l’obésité.

    Et dès qu’on parle d’une plante pour perdre du poids, j’ai toujours mes antennes qui se redressent car je crains les abus de l’industrie de la perte de poids. Donc qu’en est-il exactement ici ?

    D’abord on a eu des études qui ont été faites sur un mélange de 3 plantes – le maté, combiné au guarana et à la damiana, deux autres plantes traditionnelles de la pharmacopée d’Amérique du sud. On a tiré des conclusions de ce mélange de 3 plantes (Andersen, 2001), et on a parfois associé ces conclusions au maté, ce qui ne me convient pas du tout car dans ces études, on ne sait pas quelle plante est responsable de quel effet.

    D’un point de vue étude sur animaux, nous avons plusieurs études faites sur des rats ou des souris (Martins, 2010 - Arcari, 2011 - Kang, 2012) et qui démontrent clairement une perte de poids lorsqu’on donne à ces animaux une alimentation riche en graisses et en sucres avec du maté.

    Le problème, je vais vous dire ce que c’est, et ça, on ne va pas vous le dire lorsqu’on vous vend des extraits de maté pour perdre du poids. C’est que les doses données à ces animaux tournaient dans les 1 à 2 g de maté par kg de poids. Donc si on prend un adulte de 70 kg, ça fait entre 70 g et 140 g de yerba maté par jour et pendant plusieurs semaines ! C’est énorme ! Et pour ceux qui sont sensibles à la caféine comme moi, je peux vous dire que je vais avoir le cœur qui s’emballe avant de perdre 200 g.


    Action sur l'adipogénèse, la thermogénèse

    Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas d’action intéressante, les études ont montrées que le maté agit à plusieurs niveaux, y compris au niveau de la transcription des gènes qui régulent le phénomène d’adipogénèse, c’est-à-dire la création de nouvelles cellules adipeuses (Gambero, 2015). On a aussi démontré que le maté induit la thermogénèse dans certains tissus adipeux. C’est-à-dire le fait qu’il peut faire légèrement monter la température, donc plus d’énergie sera dépensée (Gambero, 2015). Mais qu’est-ce que cela signifie exactement sur un humain, prendre pendant combien de temps, à quelles doses, et surtout quel résultat attendre ? Si c’est pour espérer une perte de 500 g au bout de 2 mois, laissez tomber !

    Démonstration. Une étude faite sur humain avec une prise d’un extrait concentré de yerba maté pendant 12 semaines (Kim, 2015). Au démarrage, le poids moyen des personnes était de 74.5 kg. Au bout de 12 semaines, on est passé à 73.8 kg. Perte de 700 g. Le tour de taille moyen passe de 92,9 cm à 91,3 cm. Le tour de bras passe de 33,4 cm à 33 cm. Le tour de cuisse passe de 53,8 cm à 53,5 cm. Désolé mais c’est minuscule. Oui certains de ces chiffres sont statistiquement significatifs comme on dit. Mais le résultat net, pas super excitant du tout.

    Je vais vous dire ce qui me semble le plus intéressant au sujet de la régulation du poids, c’est que le maté semble aider à mieux gérer les troubles métaboliques.
    On a déjà vu qu’il semble améliorer le profil lipidémique. Certaines études nous disent qu’il pourrait bien agir au niveau de la glycémie sanguine et de l’insulinémie (Pereira, 2012).

    Et soyons clairs, s’il y a une condition aujourd’hui qui est intimement liée à l’obésité et la prise de poids, ce sont les troubles métaboliques liés à glycémie et l’insulinémie, avec résistance à l’insuline au niveau cellulaire. Donc effectivement, si l’excès de poids peut s’expliquer par ce type de trouble métabolique, accompagné de changements de l’hygiène de vie, l’alimentation en particulier, le maté peut effectivement apporter un plus.

    Mais alors là, on est loin de la pilule miracle, et c’est bien. S’il y a surpoids, il faut voir ceci comme signe de trouble métabolique qui fait que justement, on va aborder le problème d’une manière la plus large possible.

    Plantations de yerba mate


    Yerba mate et cancer

    Parlons maintenant du maté et du cancer. Ici il y a 2 choses à retenir.

    Première chose, c’est qu’on peut noter une corrélation entre consommation de maté et augmentation des cas de cancer de l’œsophage (Dasanayake, 2010). Et là attention, nous avons ce qu’on appelle une variable confondante.

    En statistique, une variable confondante, qu’on appelle aussi facteur confondant, c’est une variable qui va induire un facteur de confusion parce que ce facteur n’a rien à voir avec ce que le chercheur essaie d’étudier dans son intervention, mais ce facteur explique en partie les résultats.

    Est-ce que le maté provoque le cancer de l’œsophage ? On ne pense pas, ça ne correspondrait pas à son profil antioxydant et antiinflammatoire. Mais on pense que le facteur confondant ici, c’est probablement la température.

    Si on consomme régulièrement des boissons très chaudes, disons trop chaudes pour la muqueuse fragile de l’œsophage, on introduit un risque. Et ce risque s’appliquerait à tout type de boisson chaude, thé, café, infusions. C’est agréable de boire chaud, mais attention de ne pas boire trop chaud.

    Donc on va noter ceci, c’est toujours intéressant d’avoir des informations de ce type, mais ça introduit une inconnue qui fait qu’on ne peut pas, à ce stade, étiqueter le maté comme pro-cancer.

    Torréfaction des feuilles et cancer

    Une autre hypothèse pro-cancer, c’est le fait que le processus de torréfaction génère en fait pas mal de substances qu’on appelle hydrocarbures aromatiques polycycliques (Oranuba, 2019). Ce sont des substances cancérogènes, les benzopyrènes par exemple que l’on retrouve en concentration plus ou moins forte dans certains matés. En revanche, ces hydrocarbures ne sont pas hydrosolubles, ils se solubilisent très mal dans l’eau, donc la préparation traditionnelle ne va probablement pas bien extraire ces substances, et c’est tant mieux.

    Et puis si on achète du maté vert non torréfié, on élimine ce problème.

    Donc vous voyez, c’est pas clair du tout, et dans cette situation un peu incertaine, on est un peu obligé de prendre position, même si on n’a pas toute l’information à notre disposition.

    Je vais vous donner ma position personnelle. Je pense que le maté a plutôt un profil protecteur. Pourquoi ? Eh bien parce vu ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, régulatrices de certaines situations pro-cancer comme l’hyperglycémie et l’hyperinsulinémie, on est plutôt dans un profil protecteur.

    Est-ce qu’on peut confirmer ceci par la science ? Je n’ai pas trouvé grand-chose si ce n’est des études in vitro. Mais bon, c’est de l’information, on voit que le maté active l’apoptose, c’est-à-dire favorise la mort cellulaire des cellules cancéreuses. On estime aussi que sa capacité à bloquer certaines substances inflammatoires contribuerait à l’effet anti-cancer, vu que le cancer profite de l’inflammation pour se développer (Puangpraphant, 2011).

    Pour conclure avec le mate et le cancer, il faut arriver à peser le pour et le contre. Je vais tout de même citer le scientifique Argentin Miguel Schmalko qui est connu pour toutes ses recherches sur le maté, il nous dit « ceux qui consomment du maté diminuent leur risque de développer du diabète, des problèmes cardiovasculaires ou le cancer ». Et c’est quelqu’un qui a largement plus de connaissances que moi sur le sujet.


    Précautions pour le yerba mate

    Les précautions, quelles sont-elles ?
    Eh bien en gros, ce sont les précautions que l’on va retrouver avec toutes les boissons caféinées.

    État d’hypervigilance avec difficulté pour dormir, troubles du rythme cardiaque. Et on a aussi une liste d’interactions potentielles entre caféine et médicaments, je ne vais pas vous faire la liste ici, ce n’est pas le but de cet article, ceci n’est pas une fiche sur la caféine. Vous pouvez aller voir sur internet, vous trouverez la liste des contrindications et des précautions pour la caféine, sachant bien sûr que le maté est bien plus que de la caféine.

    Eh bien j’espère que vous avez passé un bon moment, que vous avez appris plein de choses au sujet du maté. Et maintenant, je vous laisse car je dois verser à nouveau de l’eau chaude dans ma calebasse pour déguster une nouvelle infusion de maté. A très bientôt !

    Références

    Reportage ARTE : https://www.youtube.com/watch?v=1pLclnYZ4Hg 

    Lunceford N, Gugliucci A. Ilex paraguariensis extracts inhibit AGE formation more efficiently than green tea. Fitoterapia. 2005 Jul;76(5):419-27.

    Gugliucci A, Stahl AJC (1995) Low density lipoprotein oxidation is inhibited by extracts of Ilex paraguariensis. Biochem Mol Biol Int 35(1): 47-56.

    Barg M, Rezin GT, Leffa DD, Balbinot F, Gomes LM, Carvalho-Silva M, Vuolo F, Petronilho F, Dal-Pizzol F, Streck EL, Andrade VM. Evaluation of the protective effect of Ilex paraguariensis and Camellia sinensis extracts on the prevention of oxidative damage caused by ultraviolet radiation. Environ Toxicol Pharmacol. 2014 Jan;37(1):195-201.

    Boaventura B.C.B., Di Pietro P.F., Klein G.A., Stefanuto A., de Morais E.C., de Andrade F., Wazlawik E., da Silva E.L. Antioxidant potential of mate tea (Ilex paraguariensis) in type 2 diabetic mellitus and pre-diabetic individuals. J. Funct. Foods. 2013;5:1057–1064.

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    Balzan S, Hernandes A, Reichert CL, Donaduzzi C, Pires VA, Gasparotto A Jr, Cardozo EL Jr. Lipid-lowering effects of standardized extracts of Ilex paraguariensis in high-fat-diet rats. Fitoterapia. 2013 Apr;86:115-22.

    de Morais EC, Stefanuto A, Klein GA, Boaventura BC, de Andrade F, Wazlawik E, Di Pietro PF, Maraschin M, da Silva EL. Consumption of yerba mate ( Ilex paraguariensis ) improves serum lipid parameters in healthy dyslipidemic subjects and provides an additional LDL-cholesterol reduction in individuals on statin therapy. J Agric Food Chem. 2009 Sep 23;57(18):8316-24.

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