• Astragale de Chine et coronavirus

    Astragale de Chine et coronavirus

    Première question que j’ai reçue de plusieurs personnes : "tu nous a souvent parlé de l’astragale de Chine comme plante qui stimule l’immunité et protège les poumons, penses-tu qu’elle soit bénéfique en prévention ou en attaque pour le covid ?"

    J’ai souvent parlé de l’astragale de Chine (Astragalus membranaceus) car c’est une excellente tonique d’un système immunitaire fatigué. On peut la prendre sur de longues périodes, elle est utile en prévention mais elle peut aussi s’avérer utile en attaque si le système immunitaire est faible et que les poumons sont le siège de l’infection.

    Je n’en ai pas reparlé dans mes derniers épisodes dédiés au coronavirus (par exemple dans l'épisode ici) car je voulais revenir à quelque chose de plus local, de plus ancré dans nos traditions.

    Mais l’astragale se cultive très bien au jardin. Cela fait 7 ou 8 ans que j’en cultive personnellement, et il est fort possible que cette plante devienne un jour une production locale, donc je vous en parle très volontiers ici.

    On la trouve assez facilement en herboristerie aujourd’hui. Le problème est qu’elle provient principalement de Chine, elle n’est pas de qualité bio, et donc il faut faire attention à l’endroit où on se fournit. Je ne vais pas prendre cette tangente car cela va nous emmener dans une autre discussion, celle des achats, des fournisseurs, etc. On va parler ici uniquement de la plante et ses bénéfices potentiels.

    Astragale de Chine (Astragalus membranaceus)Astragale de Chine (Astragalus membranaceus)

    Astragale dans le top 10 en Chine

    Tout d'abord, l’astragale est utilisée en Chine dans les programmes de prévention contre le covid-19, et elle est classée dans les plantes qui renforcent nos capacités de défense.

    Ensuite, les Chinois ont fait une liste des 10 plantes médicinales les plus utilisées dans leurs 23 provinces pour le traitement du covid-19. Donc on ne parle pas de prévention ici, on parle de traitement en médecine traditionnelle chinoise. L’astragale figure sur cette liste. Donc elle fait partie des top 10 les plus utilisées pour traiter le covid (2). Ce n’est pas pour rien.

    Ceci étant dit, en médecine chinoise, on utilise très rarement une plante seule. Donc vous allez la trouver dans des mélanges qui sont formulés pour des phases très spécifiques de l’infection. C’est compliqué d’aller extirper une plante d’une formulation et de l’utiliser comme plante unitaire, c’est-à-dire toute seule.

    Mais c’est ce qu’on a fait ces dernières années : on a utilisé l’astragale de Chine comme plante qui soutient l’immunité et qui protège les poumons, elle fonctionne très bien seule. Nous avons de nombreuses études qui soulignent l’intérêt des polysaccharides de l’astragale pour soutenir les fonctions immunitaires.

    La plante est relativement douce, elle n’a pas de toxicité connue, elle a été utilisée pendant plusieurs millénaires en médecine chinoise dans le contexte des infections respiratoires sans effets secondaires notés.

    Les études nous disent qu’outre la stimulation de l’immunité, l’astragale a aussi cette capacité à modérer, à moduler la cascade inflammatoire. Elle fait baisser la production de certaines cytokines (3) qui sont impliquées dans le fameux « orage cytokinique », la fameuse aggravation qui peut arriver autour du 7e jour, une hyperréactivité du système immunitaire qui est responsable des cas graves avec détresse respiratoire aiguë (4).

    Donc là encore pas de certitude, mais si on combine le fait que c’est une plante bien acceptée dans le contexte du covid en Chine, et ce que nous disent les études, personnellement je la considère comme bénéfique dans le contexte actuel.

    Astragale de Chine (Astragalus membranaceus)

    Racines d'astragale version lamelles

    Dosages de l'astragale

    Dans mon expérience, en prévention, elle est efficace à des doses de 1 cuillère à café bien remplie des racines en poudre 2 fois par jour, matin et soir, dans un verre d’eau.

    Pour un dosage en attaque, je voici ce conseille dit Stephen Buhner, qui est tout de même l’un de nos experts sur les plantes antivirales : 1 cuillère à café de poudre de 4 à 6 fois par jour, en général toutes les 3 heures.

    On parle ici des racines en poudre, et on peut tout simplement diluer la poudre dans un verre d’eau. Idéalement on laisse reposer 30 minutes, on remue et on boit. Vu que ce sont principalement les polysaccharides qui nous intéressent, des substances qui ont une grande affinité pour l’eau, la forme teinture n’est pas optimale.

    Je pense sincèrement que c’est une plante que l’on devrait apprendre à cultiver et à manipuler chez nous pour le futur, parce qu’on n’a pas énormément de plantes qui ont une excellente efficacité en prévention, qui sont douces, sans toxicité, qui peuvent être prises sur le long terme.

    Et vu qu’on peut la cultiver localement, si on voulait, on n’aurait pas besoin de l’importer de Chine.


    Qu'en est-il de la renouée du Japon ?

    Deuxième question de Sarah, de Gilles, et d'autres lecteurs qui nous rappellent que nous avons une plante très envahissante qui pourrait bien nous être utile dans ce type d’infection : la renouée du Japon (Polygonum cuspidatum).

    Tout d’abord, il faut noter qu’elle est en train d’envahir des écosystèmes entiers chez nous. Elle est originaire d’Asie mais elle est naturalisée sur notre territoire. Elle envahit souvent les bords des ruisseaux et des rivières.

    Le problème c’est qu’elle est probablement indicatrice de présence de métaux lourds. Donc je ne vais pas rentrer dans la partie récolte qui peut être un peu délicate si vous ne connaissez pas la zone sur laquelle vous ramassez. Personnellement, j’en ai au jardin, car je voulais avoir accès à un stock qui pousse sur un endroit que je connais bien et qui n’est pas pollué.

    Attention, c’est une plante très envahissante, donc personnellement je la garde dans un grand pot et je m’assure bien que les rhizomes ne sortent pas par les trous du pot, parce qu’il suffit d’un petit morceau de racines pour que la plante s’installe dans un nouveau milieu. On m’a raconté des histoires de personnes qui se sont fait envahir un jardin entier à partir d’un petit morceau de racine introduit au jardin.

    On utilise les racines, plante là encore utilisée en médecine chinoise et qui a fait son apparition chez nous ces dernières années dans les courants de phytothérapie.

    Renouée du Japon et coronavirus

    Renouée du Japon

    Renouée du Japon et covid-19

    Dans mon premier épisode questions/réponses, je vous avais expliqué que le gouvernement Chinois a mis en place un protocole officiel à base de plantes (5), qui en est à sa 7e version au moment où j’enregistre cet épisode, protocole pour lutter contre le covid-19, qui a été fourni aux hôpitaux en Chine.

    Dans ce protocole, on retrouve la renouée du Japon. Là encore dans le contexte d’un mélange spécifique, pour la phase humidité des poumons avec stagnation, des termes de médecine chinoise qui correspondent d’une manière très simplifiée et très grossière à la phase toux grasse.

    Les études (6)(7) nous disent que la plante peut inhiber la réplication du coronavirus. Ceci a été démontré pour la souche SARS-CoV-1, c’est-à-dire celle responsable de l'épidémie de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère qu’on a connu de 2002 à 2004. Je vous rappelle qu’en ce moment, nous avons affaire la souche SARS-CoV-2.

    Ce sont des études qui ont été faites in vitro, mais la plante semble agir sur les bons mécanismes, en particulier celui qui fait que le virus peut s’attacher aux récepteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ACE2) pour pénétrer les cellules des poumons. Un constituant en particulier, qui s’appelle l’émodine, semble avoir cet effet.

    Covid-19 et renouée du Japon

    Racines de renouée du Japon en poudre

    Dosages Buhner

    Stephen Buhner explique que la plante semble aussi moduler certains messagers inflammatoires qui participent au fameux orage cytokinique. Buhner d’ailleurs la positionne comme immunomodulatrice, capable de normaliser la réponse immunitaire, de calmer lorsqu’il y a autoimmunité, de stimuler lorsque l’immunité est basse et de tempérer lorsque le système immunitaire s’emballe.

    Pour les quantités à utiliser, Buhner recommande 1 cuillère à soupe des racines en poudre dans du jus 3 à 4 fois par jour. C'est une forte dose. Côté goût, c’est très moyen. Déjà, avec 1 cuillère à café par prise, on a un bon point de départ.

    La renouée est contre-Indiquée si prise d’anticoagulants. La plante doit aussi être arrêtée plusieurs jours avant toute intervention chirurgicale. La plante peut modifier la perception du goût lorsqu’on la prend à ces quantités.

    Je ne vais pas vous faire une fiche complète de la plante ici, je n’aurai pas le temps, je vous reparlerai de cette plante plus en détail dans le futur.


    Précision sur la feuille de sureau noir

    Dernier point au sujet de mon épisode précédent dans lequel je vous ai parlé des feuilles de sureau, une préparation qui est recommandée par Buhner.

    Je voulais vous en parler parce que j’estime que dans des périodes comme celle qu’on est en train de traverser, ce qui est important, c’est de faire circuler l’information qui provient de personnes d’expérience. En revanche, je vous dirais que personnellement, jusque-là, j’ai toujours travaillé avec les fleurs et les fruits de sureau et qu’ils m’ont toujours donné satisfaction.

    Si vous n’avez pas beaucoup d’expérience avec le sureau, je vous conseille définitivement de commencer par les fleurs et les fruits. Comme expliqué précédemment, les autres parties de la plante ont une toxicité. Buhner pense que cette toxicité est exagérée, et si on fait cuire ces parties de la plante, les substances toxiques sont éliminées.

    C’est ce type d’information qui peut nous servir dans le futur, que l'on va garder précieusement dans un carnet de notes. Mais on ne va certainement pas commencer par ce type de préparation. Donc je répète, lorsqu’on n’a pas beaucoup d’expérience avec les plantes, on commence par les fleurs et les fruits de sureau noir (Sambucus nigra) et c’est très bien aussi, voir mes épisodes précédents dans lesquels je vous propose des préparations et mélanges.


    Références

    (1) Xu X, Zhang Y, Li X, Li XX. Analysis on prevention plan of corona virus disease-19 (COVID-19) by traditional Chinese medicine in various regions. Chin Herb Med. 2020. pp. 1–7.

    (2) Luo H, Tang QL, Shang YX, Liang SB, Yang M, Robinson N, Can Chinese Medicine Be Used for Prevention of Corona Virus Disease 2019 (COVID-19)? A Review of Historical Classics, Research Evidence and Current Prevention Programs. Chin J Integr Med. 2020.

    (3) Xu, Changjun & Wang, Pengfei & Lin, Chang & Luo, Zhu & Huang, Yawei & Zhao, Zongjiang & Yang, Changfu. (2018). The protective and therapeutic effects of total flavonoids of Astralagus against bleomycin-induced pulmonary fibrosis are through the enhancement of autophagy. Journal of Traditional Chinese Medical Sciences. 5. 10.1016/j.jtcms.2018.11.007.

    (4) https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-orages-de-cytokine-emballements-funestes-des-cas-graves-de-covid-19_143217

    (5) http://www.columbia.edu/~jf3118/covid19/assets/files/Diagnosis-andTreatmentProtocolforNovelCoronavirusPneumoniaTrialVersion7.pdf

    (6) Ho TY, Wu SL, Chen JC, Li CC, Hsiang CY. Emodin blocks the SARS coronavirus spike protein and angiotensin-converting enzyme 2 interaction. Antiviral Res. 2007 May;74(2):92-101. Epub 2006 May 15.

    (7) Yang Y, Islam MS, Wang J, Li Y, Chen X. Traditional Chinese Medicine in the Treatment of Patients Infected with 2019-New Coronavirus (SARS-CoV-2): A Review and Perspective. Int J Biol Sci 2020; 16(10):1708-1717. doi:10.7150/ijbs.45538.

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