• Covid-19, thromboses et plantes

    Covid-19, thromboses et plantes

    Première question qui est revenue très souvent ces derniers jours : "J’ai lu que la mortalité pouvait être due à des problèmes de thrombose, donc un problème plus circulatoire que pulmonaire. Penses-tu que l’on puisse utiliser des plantes comme le ginkgo biloba bien dosé, des plantes qui sont traditionnellement utilisées pour la prévention des thromboses".

    J’aimerais d'abord faire une petite parenthèse sur l’impact du covid-19 sur des systèmes d’organes multiples.

    Dans les formes avec complication, c’est une infection très virulent. Le corps médical est surpris par la diversité de l’attaque. Un bon article à lire se trouve ici, afin de vous donner un résumé des différentes complications possibles :

    • Le virus s’attaque aux poumons bien sûr, avec inflammation des alvéoles pulmonaires, destruction de ces alvéoles, diminution de la capacité à absorber l’oxygène et insuffisance respiratoire
    • Le foie peut être touché, avec une élévation des marqueurs hépatiques, destruction des cellules du foie probablement à cause d’une combinaison de l’inflammation et des médicaments qui sont utilisés.
    • Les reins peuvent être touchés avec destruction d’une partie de la capacité de filtration qui mène parfois à une insuffisance rénale.
    • Les intestins peuvent être touchés, a priori 20% des malades ont des diarrhées.
    • Les yeux avec des conjonctivites.
    • Le nez avec une perte de l’odorat, ce qui pourrait être une atteinte au système nerveux, du moins la partie responsable de l’odorat.

    Et enfin, le système cardiovasculaire, c'est la partie que je vais développer ici. Les médecins se sont aperçus que l’infection peut provoquer la formation de caillots, donc une thrombose avec obstruction de certaines parties du système circulatoire pulmonaire.

    Un peu comme un mal d'altitude

    On a parlé de cette hypothèse pour la première fois au mois de mars, dans un article au sujet de personnes en Chine qui ont fait des embolies pulmonaires aiguës, donc obstruction des artères qui irriguent les poumons à cause d’un caillot.

    A priori, ce risque est connu de longue date. Cela peut arriver à un petit pourcentage des malades, en particulier pour les patients qui sont immobilisés. Donc ceci n'a pas trop surpris le personnel soignant.

    Ensuite, nous avons eu un médecin Italien qui en a parlé, début avril si je me souviens bien, et qui explique d’une manière assez directe que la mortalité est principalement due à des microthromboses dans les vaisseaux des poumons.

    Il peut y avoir thrombose des membres inférieurs, ou pas. C’est ce qui rend la situation difficile à remarquer. Et donc le sang ne circule plus dans les poumons. A quoi bon ventiler une personne qui a une capacité circulatoire très limitée dans les poumons ? Pas à grand-chose.

    On a d’abord attribué cette découverte au professeur Giannini, puis on a dit que la découverte venait plutôt du docteur Giampaolo Palma, etc. Je ne vais pas rentrer dans cette polémique, mais je voulais juste vous donner l'historique. Ceci a été confirmé du côté hollandais avec une étude publiée le 10 avril (1).

    Les américains s'en mêlent

    Ensuite, nous avons une vidéo qui a aussi pas mal tourné en boucle et qui nous vient d’un médecin urgentiste américain qui travaille à New-York, donc au centre de l’épidémie, le docteur Cameron Kyle-Sidell.

    Il explique que les personnes qui succombent au virus ont quelque chose qui ressemble à un mal d’altitude (mal aigu des montagnes). Il donne l’image suivante qui m’a marqué : c’est comme si on mettait ces personnes dans un avion à 9000 m d’altitude et qu’on dépressurisait peu à peu la cabine. Il y a donc un déficit d’oxygène, et une ventilation mécanique ne va pas aider.

    Cela ne ressemble pas à un syndrome de détresse respiratoire aiguë d’après ce médecin. C’est probablement quelque chose qui ressemble plus à des micro-thromboses pulmonaires. Sauf que… sauf que… il explique aussi que les observations ne correspondent pas non plus exactement à cela, sinon on verrait une augmentation de la tension pulmonaire à cause de ces blocages (ce point est développé dans la vidéo ici).

    Donc au final, je ne sais pas si nous sommes en mesure de conclure. Je ne pense pas qu’il y ait consensus, les chercheurs sont en train de regarder dans toutes les directions. On en saura probablement plus dans quelques semaines ou dans quelques mois.

    Mais là, au 22 avril 2020, on voit d’un côté que certains médecins recommandent un traitement par héparine, un anticoagulant, et d’autres disent que son efficacité n’a pas été démontrée à ce jour. Pas de consensus encore.

    Plantes et micro-thromboses

    Donc retour à la question : peut-on utiliser des plantes qui sont traditionnellement utilisées pour la prévention des thromboses ?

    Voici mon opinion : ce type d’intervention est réservé à la profession médicale. Il faudrait prendre certaines plantes à fortes doses pour avoir un effet anticoagulant marqué. On a des plantes qui ont cet effet, comme le ginkgo biloba, le mélilot, le ginseng.

    Ginkgo, thromboses et covid-19

    Feuille de Ginkgo biloba

    Mais nous sommes ici totalement hors de notre contexte traditionnel des plantes pour les infections respiratoires. Nous n’avons pas de recul. De plus, interférer avec les paramètres de coagulation d’une personne alors qu’elle a un risque de subir une intervention de type intubation ou autre : très risqué, et pas prudent. Donc personnellement je ne peux pas cautionner une telle approche.

    Ce qu’il me semble judicieux, en revanche (et on parle de prévention ici, ou pendant une infection sans complication si on vous a dit de rester chez vous), c’est d’utiliser des plantes simples et traditionnelles, qui ont des propriétés anti-infectieuses, qui ont un historique dans le contexte des infections respiratoires, et qui vont au passage avoir un petit effet fluidifiant du sang.

    Je vous ai déjà parlé du gingembre, voir mes vidéos précédentes, je pense que c’est une plante très utile. Je vous en ai parlé dans le contexte de plusieurs mélanges. Il a un petit effet fluidifiant du sang bien connu.

    Vous avez l’ail frais aussi qui est anti-infectieux, désinfectant pulmonaire, idem pour son effet circulatoire. Pas facile de prendre l’ail frais quand on est malade, mais on peut râper une gousse très finement, l’intégrer dans un peu de miel liquide, rajouter du jus de citron, verser de l’eau chaude dessus, diluer dans une tasse et boire.

    Attention que ce ne soit pas trop fort non plus, parfois c’est un peu compliqué à prendre, mais cela peut être utile ici.

    Ce type d’approche me semble logique et bénéfique, et s’intègre bien dans notre tradition. Et notez au passage que ces plantes vous sont contre-indiquées si vous êtes sous anticoagulants.

    Mais essayer d’aller interférer directement avec les paramètres de coagulations avec certaines plantes, qui ne sont pas traditionnellement utilisées pour les infections respiratoires, et qui seraient prises à fortes doses, pour moi ce n’est pas judicieux, ce n’est pas prudent, et surtout on risque de rendre la vie des médecins encore plus compliquée et ils n’ont vraiment pas besoin de cela en ce moment.


    (2) Covid-19, flore intestinale et Prevotella

    Deuxième question, très intéressante elle aussi : "Je ne sais pas si tu as vu passer cette hypothèse d’une bactérie de la flore intestinale qui s’appelle Prevotella et qui deviendrait virulente et expliquerait l’emballement du système immunitaire et le fameux orage cytokinique".

    Oui, on m’a fait passer ce message plusieurs fois et j’ai fait quelques recherches.

    Apparemment, tout démarre en Chine. Des chercheurs vont faire le séquençage génétique de la flore intestinale de plusieurs malades (2). Apparemment, ils découvrent des données qui paraissent assez bizarres car ils trouvent dans certaines bactéries du genre Prevotella de l’ADN du virus SARS-COV-2 (responsable de la pandémie actuelle).

    C’est comme si le virus avait pénétré ces bactéries pour les infecter. On parlerait donc d’un virus bactériophage ici. Le virus infecte les bactéries, ces bactéries deviennent très virulentes, et ceci provoquerait un emballement du système immunitaire qui va provoquer le fameux orage cytokinique dans les poumons, qui va lui-même déboucher sur une insuffisance respiratoire et possiblement des dommages à d’autres organes comme on l’a vu dans la première question.

    Cette hypothèse pourrait expliquer le fait que le traitement de certains médecins qui proposent un ou deux antibiotiques dans leurs protocoles fonctionne. Eh oui, car là on serait en présence d’une bactérie qui participe au problème, qui est en quelque sorte vecteur du virus.

    Et du coup, certains se demandent pourquoi les médecins n’adopteraient pas une antibiothérapie d’une manière systématique. Ce n’est pas à moi de répondre à ce genre de questions. Mais j’aimerais que l’on prenne du recul pour parler du lien entre l’immunité et la flore intestinale dans le contexte du covid-19.

    Flore et immunité

    On sait très bien aujourd’hui qu’une bonne flore intestinale agit comme protection contre les infections. Une flore déséquilibrée agit comme perturbateur de l’immunité.

    70% des cellules immunitaires sont localisées tout au long de l’intestin. La nature de la flore intestinale est un facteur déterminant qui peut nous faire basculer d'un état d'immunité solide et stable vers un état d'immunité constamment excitée et instable.

    On commence à voir ici le lien entre le fait que les personnes obèses sont plus touchées par exemple. Car il pourrait y avoir une flore intestinale déséquilibrée qui contient plus de Prevotella, ce qui est confirmé par une étude (4) dans laquelle le pourcentage de masse adipeuse, la glycémie et l'insulinémie semblent relié à la présence de cette souche.

    Les personnes âgées sont plus touchées avec une présence de cette bactérie qui grandirait avec l’âge. Donc c’est une piste intéressante. Du coup, dans ce contexte, qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ?

    Probiotiques, aromatiques

    Le premier point est simple mais essentiel : il est nécessaire de prendre soin de sa flore intestinale. Pas aujourd'hui. Trop tard. C’est un travail qui se fait sur le long terme au travers de l’alimentation principalement. Mais c’est à noter en prévention pour la prochaine crise.

    Pour agir sur le court terme, nous avons des mesures qui peuvent aider. La première consiste à prendre une supplémentation en probiotiques, de qualité, pendant plusieurs semaines. Demandez conseil à votre pharmacien ou dans votre magasin de produits naturels.

    Ceci fait partie d’ailleurs partie des recommandations de certains chercheurs en Chine qui ont étudié des cas de covid-19 (3).

    Le deuxième point : utiliser des plantes qui ont une action antibactérienne et régulatrice sur la flore intestinale, comme le thym et l’origan, lorsqu’on les prend sous leur forme traditionnelle, en infusion par exemple.

    Et si vous vous souvenez, ce sont des plantes dont je vous ai parlé dans les mélanges à infusion d’une vidéo précédente.

    Noyer et ail

    Si cette hypothèse se confirme, je pense que je rajouterais volontiers des plantes qui ont une action antibactérienne et antifongique encore plus spécifique sur les pathogènes intestinaux, comme la feuille de noyer par exemple, ou la teinture de brou de noix.

    Brou de noix, Prevotella, coronavirus

    Brou de noix

    Donc peut-être rajouter un peu de feuilles de noyer dans les mélanges à infusion, enlever un peu d’une autre plante pour qu’on ne dépasse pas les 30 g de plante sèche par litre.

    Pour ceux qui ne connaissent pas la teinture de brou de noix : le brou est la partie verte qui entoure la noix. On récupère le brou encore vert, sans la noix, on le coupe en tout petits morceaux et on fait macérer 2 semaines dans un alcool fort, minimum 55°, le tout dans un bocal.

    On secoue tous les jours, et au bout de 2 semaines on filtre et on obtient une teinture très foncée. C’est très fort. On prend dans les 10 à 20 gouttes dans un peu d’eau. On peut répéter la prise plusieurs fois dans la journée.

    Et là attention, je ne suis pas en train de vous dire que ceci est un remède anti-covid, c’est juste une préparation pour agir sur une infection entérique, en supposant que cette hypothèse soit valide bien sûr.

    Là encore nous avons l’ail qui peut avoir toute son utilité ici, car il agit comme prébiotique, équilibre la flore, détruit certaines souches pathogènes. Consommer de l’ail frais régulièrement sous une forme la plus agréable possible. Ce qui est toujours un peu compliqué lorsqu’on est malade, il ne faut pas en faire trop non plus car ça peut perturber les intestins.


    Références

    (1) Klok FA, Kruip MJHA, van der Meer NJM, et al. Incidence of thrombotic complications in critically ill ICU patients with COVID-19 [published online ahead of print, 2020 Apr 10]. Thromb Res. 2020;S0049-3848(20)30120-1. doi:10.1016/j.thromres.2020.04.013

    (2) https://osf.io/ktngw/

    (3) Xu K, Cai H, Shen Y, Ni Q, Chen Y, Hu S, Li J, Wang H, Yu L, Huang H, Qiu Y, Wei G, Fang Q, Zhou J, Sheng J, Liang T, Li L. [Management of corona virus disease-19 (COVID-19): the Zhejiang experience]. Zhejiang Da Xue Xue Bao Yi Xue Ban. 2020 Feb 21;49(1):0. Chinese.

    (4) Song EJ, Han K, Lim TJ, Lim S, Chung MJ, Nam MH, Kim H, Nam YD. Effect of probiotics on obesity-related markers per enterotype: a double-blind, placebo-controlled, randomized clinical trial. EPMA J. 2020 Feb 7;11(1):31-51. doi: 10.1007/s13167-020-00198-y. eCollection 2020 Mar.

     
     
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